De l’importance de cultiver ses rêves
De l’importance de cultiver ses rêves. Le plus gros danger qu’on encourt avec les réseaux sociaux n’est pas de se couper du réel, mais au contraire de perdre le fil de ses rêves.
Les réseaux sociaux auraient dû être une fenêtre sur le monde. Ils s’avèrent être un huis clos où vous êtes bombardés de réalités en 4k sélectionnées par un algorithme dont la fonction semble être d’identifier vos angoisses pour les alimenter à toute heure.
Aucun changement significatif dans le domaine politique ne peut être accompli sans un puissant travail de l’imagination, maintenu durant plusieurs décennies. Aucune émulation féconde entre personnes partageant le même idéal et les mêmes valeurs ne peut avoir lieu dans le bourdonnement d’une nuée de parasites, d’aigris, de refoulés, et autres frustrés. Paradoxalement, on a davantage de prise sur le réel quand on consacre l’essentiel de son énergie à créer un imaginaire que lorsqu’on s’empêtre dans la glu de la vie quotidienne, des automatismes de la politique institutionnelle, des faits divers et des relations interpersonnelles. Un beau livre lu par dix personnes est plus réel qu’un article sur une histoire sordide lue par 100 000 personnes et oubliée dans la foulée. Une idéologie nouvelle diffusée à quelques centaines de personnes est plus réelle qu’un slogan éculé radoté chaque semaine depuis des décennies devant des millions de téléspectateurs.
Les principaux réseaux sociaux semblent presque avoir été conçus pour empêcher toute création politique et toute émulation politique digne de ce nom. L’agitation permanente, rythmée par des vagues successives d’indignation, ne laisse pratiquement aucune place à la réflexion de fond, ni à la vision de long terme, ni à la création. Rien n’est plus rare qu’une discussion civilisée et constructive sur les réseaux sociaux.
Au fil des années, les algorithmes des réseaux sociaux ont donné de plus en plus d’importance aux “suggestions personnalisées”. Autrement dit, lorsque quelqu’un lit un texte politique sur les réseaux sociaux, immédiatement, la plateforme lui propose d’autres “contenus”, “pages” et personnes “similaires”. Cette fonctionnalité rend service aux influenceurs politiques n’ayant rien de neuf à proposer, à ceux dont la seule préoccupation est de trouver des moyens de refourguer encore et toujours la même gamelle avariée. En revanche, lorsqu’on propose un paradigme nouveau et qu’on développe une idéologie nouvelle, l’algorithme est un boulet. Chacune de nos créations publiées sur les réseaux sociaux est susceptible d’être utilisée comme encart publicitaire pour des idéologies ennemies. Le principe de base de la doctrine occidentaliste est que la droite, par définition libérale et progressiste, est tout autant opposée à la gauche qu’au conservatisme. A cause du parasitage conservateur, la droite n’existe pas, et c’est la mission de l’occidentalisme que de la créer. Le paradigme binaire consistant à prétendre que le monde des idées politiques se divise en seulement deux parties, d’une part la gauche, et d’autre part un amas de libéraux et de conservateurs auquel on donne le nom de “droite”, c’est la mort de la pensée politique. Or les réseaux sociaux ne font que renforcer ce paradigme binaire. C’est ainsi que toute parole critique envers la charia islamique sur les réseaux sociaux est systématiquement utilisée comme panneau publicitaire pour les conservateurs, c’est-à-dire pour les tenants de la charia chrétienne.
Sur Twitter, lorsqu’on clique sur mon profil, il n’est pas rare de voir s’afficher en “comptes suggérés” des influenceurs conservateurs que j’ai bloqués depuis une éternité, et dont je suis l’ennemie idéologique sur absolument tout. Je ne peux raisonnablement pas continuer à publier sur ces plateformes de déments qui ne s’y prendraient pas autrement s’ils s’étaient fixés pour but de tirer la vie politique occidentale vers un niveau d’abrutissement maximal.
La seule utilité des réseaux sociaux pour moi aura finalement été de pouvoir observer de près la toxicité politique des bourgeois sans avoir à les fréquenter.
Pour le reste, je n’ai aucune envie d’apporter des bonnes ondes et de la créativité à des plateformes qui n’ont même pas le respect minimal pour leurs utilisateurs, qui laissent le harcèlement et la violence prospérer, tout en procédant à des suspensions arbitraires de comptes totalement inoffensifs. C’est pourquoi nous avons créé Alba Nova, le forum des adhérents et sympathisants de l’occidentalisme. Le forum est désormais ma principale plateforme d’expression quotidienne. Mes réseaux sociaux ne servent plus qu’à annoncer mes publications hors-réseaux. Mon blog solveigmineo.com servira à accueillir mes réflexions les plus personnelles. Pour les analyses politiques de fond, il y aura mon nouveau blog sur Alba Nova.
Je suis heureuse de disposer à nouveau d’un espace pour l’expression politique, les échanges avec les personnes sincèrement intéressées par l’occidentalisme, et aussi pour les choses plus légères, que je ne postais même plus, tant j’étais écoeurée de ces plateformes malades. Rien n’est plus important que de se sentir à la maison.
Nous voulons tranquillement commencer avec un petit groupe de personnes, au calme. Nous n’avons aucune envie de sortir les trompettes pour attirer la masse de cinglés, d’aigris et de désoeuvrés qui peuple les gros réseaux sociaux. Nous voulons poursuivre notre travail de construction idéologique de l’occidentalisme, dans une atmosphère apaisée, loin des parasites chrétiens, des affolés et des indignés.